aoust 1390.                                 73
nostre bon roy, se moque de vous, en vous faisant manger tant de boullie qu'il voudroit que vous en fus-siés ja tous crevés, pour s'emparer de vos biens et de la France s'il pouvoit. Lui seul empesche la paix et le repos de la pauvre France tant désolée, ensemble la réconciliation du Roy et des princes en une parfaite et vraie amitié. Il a mangé vos crucifix, reliques d'or et couronne royale, si long tems et si chèrement gardés. Croies qu'il en fera autant de la France si vous l'en­durés. Que tardés vous donc que vous ne le jettes su­bitement dans un sac à vau l'eau, pour s'en retourner plus tost en Hespagne? »
Le lundi 6 aoust 1590, suivant la resolution des théologiens et de l'assemblée faite à Paris en la salle Saint-Lois, les députés de Paris sortirent avec la per­mission et benediction de M. le légat, pour aller trou­ver le Roy à Saint*Antoine des Champs, 1)îi Sa Ma­jesté avoit disné ; laquelle les ouist fort benignement et receust courtoisement, mais sans rien leur accorder de leurs demandes; et s'en retournerent comme ils estoient venus. Les raisons en sont amplement deduites aux mé­moires qui en ont esté imprimés.
Ce jour un seize de Paris devisant avec un Italien à la porte du passementier Leroy qui est au bout du pont Saint-Michel, estant entrés en propos sur ceste conference, disoit en grande colère à cest Italien : «Ces « meschans se moquent de nous, et nous appellent « mangeurs d'asnes et de chiens. » Auquel va respondre tout froidement l'italien : « Nonne verb. Oui, mais « ce dit l'autre se colerant encore plus fort, s'ils en-«/ troient une fois ici dedans, pensés vous qu'ils ne nous
Digitized by